REVUE DE WEB JUIN

REVUE DE WEB JUIN

La vulgarisation scientifique 2.0, les visioconférences, le nouveau format Stories sur Linkedin et les communicants dans la crise : voici les thèmes de cette revue de web estivale.

De la vulgarisation à la visioconférence

La vulgarisation 2.0. se développe avec ses atouts et ses inconvénients. Dans un article pour le site Internet de The Conversation, Olivier Sartenaer, chercheur en communication et vulgarisation scientifiques et chargé de cours en épistémologie à l’université catholique de Louvain constatent que les chaînes YouTube de communication scientifique, La Tronche en Biais, Aude WTFake, le Chat sceptique et Mr. Sam, sont devenus des acteurs importants de la vulgarisation avec plusieurs centaines de milliers d’abonnés. Leur point commun : la pratique du doute raisonnable vis à vis des sujets divers (de la vaccination au changement climatique).

Leur démarche consiste d’abord à éduquer à penser correctement en s’inspirant des sciences du langage, de la logique et des mathématiques. Ce phénomène se développe en marge des institutions scientifiques conventionnelles. L’audience de cette vulgarisation 2.0 devrait dépasser celle de la vulgarisation traditionnelle car sa gratuité attire les publics de tous âges.

Mais la zététique nécessite une maîtrise de la méthode scientifique. En l’absence de formation ou de parcours professionnel orienté méthodologie ou, éventuellement, épistémologie, la plupart des zététiciens se révèlent souvent autodidactes. Leur rémunération provient principalement de donations de fans envers lesquels les youtubeurs accordent une certaine complaisance. En outre, aucun de leurs contenus zététiques publiés ne suit un processus de validation. De plus, ils n’ont pas de rattachement institutionnel (par exemple à une université ou une société savante), qui pourrait assurer un scepticisme organisé constitutif de l’éthos scientifique.

Néanmoins, ces zététiciens sont le plus souvent compétents car ils s’informent bien sur les sujets qu’ils traitent. Honnêtes, ils sont responsables épistémiquement car leur constante autocritique est parfois renforcée par des échanges intracommunautaires en amont et en aval de toute publication. et faisant partie prenante d’une communauté veillant à la fiabilité de ses contenus (comme le Café des sciences, association loi 1901 fédéralisant les vulgarisateurs du web et établissant des exigences informelles de qualité). Mais ils existent des erreurs factuelles, confusions conceptuelles et des maladresses contre-productives.

De plus, la zététique risque de bloquer plutôt que d’éduquer, ou de polariser plutôt que d’ouvrir à un dialogue constructif entre partis contraires. Néanmoins, des récentes études révèlent que cette nouvelle forme de communication lutte efficacement contre la désinformation. Dans le cas de la vaccination, elle dépasse la simple transmission d’informations et établit une relation de confiance et de proximité.

Tant que les scientifiques se cantonnent à leurs laboratoires, les zététiciens du web ont le mérite de s’exposer. Profitant d’une opposition entre opinion publique et institutions scientifiques, l’infectiologue Raoult, a choisi une communication directe et percutante, en marge des canaux traditionnels, afin de susciter un intérêt que les meilleurs billets d’humeur d’éminences scientifiques n’ont pu réussir à combattre. Ces « debunkers » du web réussi à mettre en lumière, les potentielles limites méthodologiques de la démarche du médecin marseillais aux yeux du grand public.

En parallèle à d’autres approches novatrices de la vulgarisation articulées à la science-fiction, l’art, l’épistémologie ou les jeux vidéo –, la vulgarisation 2.0 offerte par la zététique en ligne témoigne d’un rapprochement entre science et grand public que les institutions ne peuvent ignorer.

Les visioconférences ont aussi connu un essor. Sur le site Internet The Conversation, Hélène Bussy-Socrate, professeur associé de management et Géraldine Paring professeure associée au PSB Paris School of Business – UGEI notent qu’en deux mois, le nombre d’utilisateurs de l’application Zoom a été multiplié par 20, passant de 10 à 200 millions d’utilisateurs selon les chiffres rendus publics par la plate-forme de visioconférence. 77 % des employés interrogés dans une enquête déclarent vouloir désormais travailler plus régulièrement de chez eux après la crise. Dans cet article, les auteurs exposent les quatre formes de ruptures de cadre et les bonnes pratiques associées.

Des travaux de recherche interrogent sur l’efficacité des interactions médiatisées comme les visioconférences, en matière de coopération. Mais celle-ci est possible si les acteurs ont une définition partagée de la situation et donnent le sentiment d’être présent malgré la distance. Le cadre des réunions traditionnelles en présentiel est défini par un ensemble d’indications permettant aux acteurs d’analyser la situation et d’adopter un comportement adapté. Il favorise une compréhension partagée de la situation qui est essentielle à la coopération.

Quant à la visioconférence, elle connait plusieurs occasions de rupture de cadre et d’engagement. Le premier cas : le videobombing qui est une intrusion dans le champ de la caméra en pleine réunion. Plusieurs stratégies peuvent être adoptées afin d’éviter cette rupture de cadre : prendre le temps de choisir l’espace où l’on posera son ordinateur et de veiller à s’isoler. Des précautions techniques sont à prendre : vérifier sa connexion wifi, ou disposer d’un portable afin de se connecter avec le réseau mobile en cas d’interruption.

En outre, la réunion à distance ne permet pas un décor commun qui contribue aussi à une définition partagée de la situation. Notamment, des éléments distinctifs peuvent déstabiliser l’interlocuteur. Une distance sociale peut s’instaurer entre participants par l’exposition de son patrimoine économique : une bibliothèque fournie, des tableaux contemporains, un jardin, un grand espace. Toutefois, les acteurs peuvent aussi profiter de cette nouvelle scène afin de renforcer l’image de soi et de jouer sur un décor humoristique ou créatif que les autres n’auraient pas découvert au bureau.

Par ailleurs, certains ne mesurent pas les nombreux signaux technico-corporels de relâchement, comme étendre sa caméra ou travailler sur autre tâche. Il faut donc allumer sa caméra et engager son corps dans l’interaction : la gestuelle, les expressions souriantes du visage, la tenue vestimentaire et la tonalité de sa voix. Pour garantir une écoute active, il est conseillé d’utiliser des écouteurs, plutôt qu’allumer les haut-parleurs de l’ordinateur.

Un des problèmes majeurs des réunions en ligne reste la fluidité des échanges. Pour faciliter cette fluidité, les outils de discussions instantanées (chat) proposées par les plates-formes peuvent être une bonne alternative. Chacun peut y exprimer son idée, sa question, des émoticônes ou des applaudissements.

Toutefois, ces nouveaux outils présentent de nombreux atouts : il est plus facile d’interpeller quelqu’un par son nom ; l’ordre des temps de paroles est mieux maîtrisé ; d’autres éléments perturbateurs comme les jeux de pouvoir sont réduits… Enfin, le manager doit savoir établir ces nouvelles règles de comportements.

Les stories et les communicants

Des nouveaux formats de communication continuent aussi à se développer malgré la crise. Alexandra Patard, journaliste du Blog du modérateur présente le nouveau format Stories sur Linkedin qui est destiné aux membres de la plateforme et aux pages dédiées aux organisations. Cela permet aux entreprises de développer leur stratégie digitale en partageant du contenu interactif. Les utilisateurs peuvent publier des photos et des vidéos courtes, d’une durée maximum de 20 secondes, au format vertical. Celles-ci sont visibles durant 24 heures. De plus, elles sont disponibles dans les pages dédiées aux entreprises.

Pour créer une story sur LinkedIn, il suffit de cliquer sur sa photo de profil. Quant aux stories des membres de votre réseau, elles apparaissent dans la nouvelle barre latérale.

Par ailleurs, les stories sont accessibles aux abonnés de son propre réseau qui peuvent alors les repartager. Si on ne souhaite pas que sa story soit diffusée en dehors de son cercle, il faut bloquer l’abonné en question.

Le but de ces stories : présenter des actualités en temps réels et partager son expérience, sa vie quotidienne et ses idées à sa communauté professionnelle sous un nouveau format, plus dynamique et interactif.

Plus visuelles et dynamiques, les Stories permettent aux entreprises de rester connectées à leur audience (clients, salariés et prospects) et aux équipes marketing de communiquer de manière plus créative.

La crise a également des conséquences sur le métier de communicant. Joelle Montant, rédactrice web pour Culture RP décrypte rapidement les points clés de l’étude de Cision « La crise et les marketeurs/communicants » afin de déceler les meilleures stratégies lors de la crise et celles des marketeurs et communicants qui seront choisies après la crise. Conduite en mai 2020, cette nouvelle étude Cision a sondé 552 marketeurs et communicants français sur leur ressenti face à une crise mondiale qui a particulièrement impacté leur secteur d’activité.

Interrogés sur l’avenir de leur métier, 48 % des sondés sont indécis tandis que 43 % sont optimistes. Deux tendances concernant l’orientation donnée aux campagnes durant cette période de crise dominent. Quand les campagnes prévues sont maintenues, elles sont réadaptées pour s’adapter au contexte : à 49 % pour les RP, 48 % pour les réseaux sociaux et 36 % pour l’emailing. En revanche, les campagnes prévues sont arrêtées : la publicité digitale à 48 %, le marketing d’influence à 46 % et la publicité traditionnelle à 45 %.

En outre, la majorité des répondants pensent qu’il est important de continuer à communiquer pendant la crise. Pour 94 %, cette communication est nécessaire pour ne pas perdre en visibilité. 70 % considèrent que la crise présente une opportunité de prendre la parole. Par ailleurs, selon 57 % des sondés, il est préférable de ne pas communiquer des informations qui ne concernent pas directement le public et les médias. Enfin, selon 20 % des sondés, il est inutile d’évoquer d’autres sujets que la pandémie.

Pour 35 % des répondants, la publicité traditionnelle a souffert de ce contexte difficile. En revanche, le digital ne semble pas concerné par cette baisse : 44 % ont obtenu un meilleur retour sur investissement sur leurs réseaux sociaux et 33 % notent une augmentation de leur trafic web. Enfin, 66 %  des sondés affirment avoir revu à la baisse leur budget.

De plus, l’objectif principal des communicants est de générer de la visibilité pour la marque. Le second but post-crise : générer de la confiance et de la crédibilité a supplanté le fait de susciter engagement, sympathie, attachement.

Pour la plupart des répondants (87 %), la crise aura des conséquences sur leurs futurs axes de communication. Parmi les axes privilégiés après la crise, figurent l’engagement sociétal (77,5 %) et la communication axée sur les produits et services (77 %), puis l’engagement environnemental (72 %), la communication corporate (63 %), la transparence (61,5%), les actions en faveur des salariés (56,3 %), le made in France (56%).